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Les T.I.C. (Technologies de l'Information et de la Communication) sont des outils répandus dans notre société moderne, de plus en plus répandus même.
"Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale utilise Internet.
Chaque jour, 150 milliards de mails sont échangés. Désormais, l’humanité produit autant d’informations en 2 jours qu’elle ne l’a fait en 2 millions d’années.
Chaque seconde, l’équivalent d’environ 28 millions de livres est diffusé sur le web."
Extrait plaquette presse Arte.
Cette hyperconnexion n'est pas sans répercussion sur les individus.
"La seule gestion des mails représente 30% de la journée d’un salarié.
La durée moyenne de concentration des gens par activité était de 3 minutes en 2004, puis 1 minute et 15 secondes en 2012. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’à 45 secondes.
En France et en Allemagne, 12% des actifs auraient un risque élevé de burn out, selon le sociologue Thierry Venin, auteur du livre "Un monde meilleur ?"."
Ce documentaire de la chaîne Arte propose un aperçu scientifique et social de la présence du numérique dans nos vies, professionnelle, familiale et relationnelle.
Le cheminement est jalonné des regards de différents spécialistes dans des domaines variés.
Je vous en propose quelques idées ci-dessous.
D'après JP Lachaux, chercheur à l'INSERM Lyon, dans notre cerveau, les téléphones portables stimulent le circuit de la récompense (mémorisation des expériences du plaisir), engendrant un comportement excessif vis à vis de ces appareils.
On ne parle pas d'addiction mais de comportement excessif car il n'engendre pas de détérioration immédiate physique ou psychique mais le processus est très similaire, comme le souligne Cindy Felio de l'université de Bordeaux, qui a mis en place une étude sur les cadres d'entreprises et leur utilisation des technologies de communication.
De cette étude ressortent 2 points majeurs : les outils numériques intensifient et densifient le travail, ils engendrent des troubles de la concentration.
Thierry Venin, sociologue, décrit même cette surcharge d'informations comme responsable d'une fatigue mentale, force de sollicitations H24 J7.
Le panorama sociétal dressé est éloquent : le stress au travail serait responsable de 2500 à 3500 décès par an en France et de quelques centaines de milliers de jours d'arrêt de travail.
Le professeur Gloria Mark, Université de Californie, Donald Bren School of Information and Computer Sciences, relate les résultats d'une étude américaine qui montre que les mails sont la première source de stress au travail (quelque soit le poste occupé et la tâche effectuée). Si on supprime les mails, durant 5 jours consécutifs dans cette étude, on constate une diminution du stress et une augmentation des relations interpersonnelles.
Stéphane Buffat, médecin militaire et chercheur, travaille sur la notion de charge mentale chez les pilotes de l'armée. Son constat est sans appel : le travail en multi-tâches engendre une réduction de nos performances.
Aurélie Bidet-Caulet, chercheur INSERM Lyon, a réalisé une étude sur la double tâche corroborant les résultats ci-dessus :
-les 2 tâches entrent en conflit dans le traitement cérébral, engendrant une diminution de la vigilance.
-en situation de double-tâche, on observe de plus une réduction des phénomènes d'inhibition des sollicitations parasites (discussions autour, bruits de la machine à café, de la photocopieuse, …) engendrant une diminution de l'attention aux tâches effectuées.
Thierry Venin souligne le fait que les jeunes générations, nées avec les T.I.C., ne sont pas du tout à l'abri de ce stress, comme le montre une étude de l'Institut GFK réalisée dans 39 pays sur 30000 salariés. On aurait pu penser le contraire, et on l'entend suffisamment dire d'ailleurs.
Etre hyperconnecté, sollicité en permanence, contactable et contacté H24, … quand notre cerveau se repose-t-il ? Alors même qu'il a besoin de régulièrement se déconnecter.
Francis Eustache, chercheur INSERM Caen, précise un point essentiel quant au fonctionnement de notre cerveau : quand aucune tâche précise ne nécessite notre attention, notre cerveau active le réseau par défaut, pendant du réseau exécutif. Notre attention devient diffuse malgré une vigilance normale. Nous sommes dans la lune. Ce réseau jouerait un rôle fondamental dans notre mémoire, la synthèse de la mémoire, la projection dans le futur, … . Il faut donc apprendre à faire des pauses pour que ce réseau par défaut fonctionne !
(Je reviendrai prochainement sur cette notion dans un article dédié car la sophrologie a de nombreux atouts dans ce domaine.)
L'apprentissage du numérique est donc un enjeu majeur des générations futures, JP Lachaux, chercheur INSERM Lyon, l'a bien compris et travaille sur un projet de ce type en milieu scolaire : ATOL pour ATtention à l'écOLe. (article dédié à ce projet dans CortexMag )
A travers différents exercices simples (marcher/maintenir son équilibre sur une poutre, partager et ordonner les tâches, ...), dans les classes d'enfants en bas âge, il leur proposer d’entraîner leur attention, comme on entraîne nos muscles.
liens externes:
Arte +7 pour visionner le documentaire jusqu'au 10 septembre 22h20
Un monde meilleur? de Thierry Venin
Plaquette presse Arte au format PdF
