"Je l'ai rencontré hier. On s'était déjà rencontré avant. Rencontre quasi indifférente le plus souvent, dérangeante à une occasion. Je n'avais pas pris conscience de son importance dans ma vie.
On s'est observé un moment, sans un mot. Il n'a rien dit. C'est moi qui ai parlé.
Je lui ai dit que je le reconnaissais enfin, que je me souvenais de lui maintenant. Qu'il était plein d'avenir, plein de promesses.
Mais il pouvait s'en aller.
Il pouvait s'en aller car ce qu'il avait désiré n'était pas lui. Son esprit était emprunt de choses qui n'étaient pas siennes. Son chemin de vie, ses ambitions, ses valeurs, il avait dû tout modifier, ajuster, adapter en réponse à sa situation qu'il jugeait compliquée. Sa principale motivation : ne jamais laisser cela se reproduire. Tout organiser pour que cela n'arrive pas aux siens.
Mais il s'y était perdu un peu. Suffisamment pour ne pas retrouver son chemin. Celui qui l'aurait guidé vers la vie qu'il aurait pu vivre. Qu'il aurait dû vivre s'il avait pu s'exprimer. Mais il s'était interdit cette expression.
Et il me trompait alors.
Il avait corrompu mes aspirations, empêché mes rêves. Ce n'était pas sa faute mais il en avait été le vecteur malgré lui. Et s'il restait, il continuerait.
Je lui ai dit « adieu » je crois. Et il s'en est allé sans se retourner, sans prononcer une parole. Peut-être attendait-il ce geste pour enfin partir ? Pour être enfin en paix lui aussi ?"
Ce récit est le fruit d'une séance de méditation que j'ai pratiquée il y a quelques temps. Parfois, ne rien chercher est le meilleur moyen de trouver. C'est ce qu'a permis cette séance personnelle: trouver une voie à un blocage latent inconscient (ou presque).
Je me permets de revenir sur cela.
1er round:
En 2009, je me forme à la sophrologie, cycle de base (1ère année). Au cours d'une journée de formation, nous pratiquons et explorons une séance orientée vers notre passé: une sophromnésie.
Au cours de celle-ci, je me retrouve à visualiser des images lorsque j'avais 9 ans, dans un appartement dont les souvenirs sont encore bien présents. Je jouais dans une pièce tranquillement. C'est là que ce petit garçon a arrêté de jouer, a tourné sa tête vers moi et m'a regardé droit dans les yeux. Il n'a rien dit, rien fait mais je me suis retrouvé "coincé", bloqué physiquement.
Je suis sorti de la séance, péniblement, sorti de la pièce pour aller prendre l'air, j'ai marché un peu mais rien n'y faisait. Je restais comme "coincé".
Mes collègues de promo sont sortis à la fin de la séance, je ne pouvais pas leur parler. La formatrice est venue me voir, a extirpé de moi les mots suffisants pour apprécier mon état et m'a "pris en charge".
Elle m'a remis en séance spécifique pour améliorer mon état et après une trentaine de minutes, j'allais effectivement un peu mieux. J'ai bien mis le restant de la journée à finalement me rétablir, me débloquer. Il m'était impossible d'en parler, je pleurais et m'effondrais à la moindre allusion. Vraiment étrange!
"Ce sont des animaux étranges" m'a-t-elle dit. C'est ainsi que les appellent les shamans indiens.
J'ai entendu cela comme des manifestations, des réminiscences du passé. On ne peut tout digérer, tout comprendre, tout maîtriser, et ces choses subsistent encore en nous, quelque part, bien cachées.
C'était suffisamment logique pour que cela suffise à mon esprit rationnel.
Je n'ai jamais vraiment oublié cette expérience mais elle a peu à,peu perdu de son intensité.
2éme round:
En 2017, je me forme en complément à l'hypnose. C'est une formation de base et nous abordons un peu les différents domaines de l'hypnose médicale, avec des pratiques d'auto-hypnose régulières, des récits métaphoriques, des suggestions, ...
Je pratique déjà depuis quelques années la méditation, à titre privé. En fait depuis sa découverte grâce à la sophrologie (elle est développée dans le 3éme degré), je suis devenu un inconditionnel.
C'est au cours d'une de ses petites séances personnelles qu'IL est revenu, cet enfant que j'ai été.
Avec un peu de recul, je pense que le récit métaphorique a été réalisé par une chanson que j'écoutais durant cette méditation: Waves de Dean Lewis, et le "déclenchement" s'est fait sur des paroles bien précises, comme une révélation pour moi: "Down to the places we used to lay when we were kids". (ironie du sort, c'est l'un de mes fils qui m'a fait découvrir cette chanson, comme un juste retour des choses, une boucle bouclée)
Je n'ai cherché à rien analyser, mon état méditatif m'aidant. Je l'ai revu dans cette pièce de cet appartement, puis je n'ai plus vu que lui, me regardant à nouveau, comme 8 ans auparavant.
C'est là que je lui ai parlé et dit adieu.
Et étonnamment je me suis déchargé d'un poids, libéré d'une charge me parait même plus juste. Un tas de nouveaux possibles, autrement, se sont fait jour. Je n'en dirai pas plus.
Alors?
Il m'arrive de me demander Pourquoi? Comment?
8 ans?! C'est long!
Un vieil adage des thérapies brèves dit: tant que tu n'as pas résolu un problème, il se représente.
L'inconscient n'a pas besoin d'être ciblé pour travailler. Il achève à son rythme, sans autre explication, sans discussion. On peut parfois l'aider d'une simple petite histoire, chanson, image, et tout s'ouvre alors.